Convalescence créative

Parce que lever le dernier voile n’est pas rien, et convie la légèreté et l’immense apaisement à se frotter à la mélancolie et à une certaine fatigue, telle la fatigue de la corde d’un arc qui serait restée trop longtemps tendue pour se détendre soudain, je décide aujourd’hui d’accepter le vide et de rester en surface. Oui, plutôt que de plonger dans la abysses de mon âme, je choisis de tourner mon regard vers l’extérieur et observer ce qui s’y passe. Porter mon attention sur ce qui est venu à moi par le biais de lectures ou de conversations, d’images et de visions, de perceptions, et me poser la question de ce que cela provoque en moi. J’aimerais donc écrire quelques mots à propos de la course à la créativité, de la puissance de l’intuition et du mouvement de chacun, de sa fréquence vibratoire.

Je lis en ce moment beaucoup de choses sur la CRÉATIVITÉ, et la nécessité de pratiquer pour l’éveiller, la réveiller et surtout ne pas la laisser s’évaporer, partir en fumée, nous abandonner. Chacun y va de sa méthode. Mais ce qui revient souvent est cette notion d’effort et de régularité, de rigueur et de persévérance. J’entends cela, mais en lisant tout ce que je lis, ces mots ne résonnent pas pour moi de la même façon que pour ceux qui les emploient. Je crois. Car il me semble souvent percevoir en filigrane, au-delà de la quête créative -que personnellement j’associe avant tout à un outil de (re)connexion à Soi, au vivant en nous et à l’essence de notre expression divine en quelque sorte- la notion de performance. Notamment de la part de toute cette génération de jeunes startupers, débridés, débarrassés qu’ils sont de leurs croyances bloquantes, limitantes. Ils sont forts de leurs envies, ont soif d’immédiateté, empouvoirés d’une croyance différente, celle d’une autre Terre Promise, une Terre instantanée, une Terre dématérialisée, un Mayflower galactique et intersidéral, celui de la Grande Toile. La confiance qu’ils ont en eux-mêmes, une confiance conquérante et dépourvue d’idées préconçues, de persuasions héritées, de possibilités tracées, de celles qui vous empêchent de faire un pas de côté, de grandir et de vous déployer. Une générations d’auto-proclamés sans aucune pudeur ni perfectionnisme sclérosant.

Je leur envie de temps en temps leur légèreté, leur rapidité, leur assurance et leur désemcombrement. Mais pas tout le temps.

Certains oeuvrent pour la planète et un futur plus souhaitable. Mais pour beaucoup, il s’agit surtout de réussir, de s’accomplir (économiquement et individuellement) en appliquant les modèles de performance digitale qui nous arrivent de l’autre côté de l’Atlantique. Soit. Pourquoi pas. En revanche, je m’interroge quant à cette histoire de créativité que l’on entend partout maintenant, depuis un moment. Alors oui, certainement, plus on prend l’habitude de faire quelque chose qui n’est pas dans nos habitudes, plus cela devient facile, fluide, plus cela fait partie de nous. Plus on cuisine et plus les synergies germent, plus on écrit et plus les pensées, les idées, se transforment en mots, les mots en pages et les pages en livres. Mais cette obligation de rigueur et de régularité, cette course à la productivité, n’est pour moi qu’une autre forme d’INJONCTION et de fuite en avant. Tout comme celle de la méditation telle qu’elle nous est si vivement « conseillée » aujourd’hui, en occident, comme l’outil incontournable, indispensable, de notre clarté mentale. Le mot qui me vient ici et maintenant est SPIRITUALITÉ et le sens qu’il revêt pour nous. Je parlais de Foi la dernière fois, de l’importance de l’avoir en toutes choses, et j’y repense ici. Car il me semble que toutes ces démarches manquent, pour moi, de spiritualité, de profondeur d’âme, d’authenticité parfois, d’émotion, de SENS et de sensations, de vibration. D’AMOUR. Évidemment, certains y parviendront de cette façon, probablement plus vite que les autres. Et gagneront peut-être en densité plus tard. Mais, pour ma part, et pour beaucoup d’autres, il n’en est rien. Et j’aurai beau m’imposer toutes les méthodes du monde, je ne pourrai suivre que mon propre mouvement, jouer ma propre musique avec mes instruments et la partition qui vibre pour moi, en moi. Et, pour suivre mon propre mouvement, il me faut avant tout le RESSENTIR. Et cela passe par le CORPS, mon corps, ma capacité à me connecter à lui, à ce qu’il vit et à la Nature en lui et tout autour de lui.

Danser. Aller marcher. Regarder les arbres et écouter le vent dans leurs feuilles. Sentir l’air sur mon visage. Ressentir l’intensité. Aller nager. Frémir à la vibration d’une voix ou d’une mélodie. La laisser m’envahir et me bouleverser. Rencontrer des personnes qui m’inspirent et me font comme une chaleur dans le coeur. Manger. Écrire et cuisiner à l’envie, à l’intuition et à l’intention.

C’est de cette façon, pour moi, que ma créativité déplie ses ailes et se nourrit, se régénère et s’entretient. Quand je me laisse toucher par le merveilleux de toutes les petites choses de l’existence, qui me rappellent que nous sommes une infime partie d’un Tout beaucoup plus grand que nous, qu’il n’y a pas de séparation. Et c’est plutôt mon oreille interne, mon baromètre intérieur que je prends le parti d’aiguiser, d’exercer au quotidien, avec le plus de régularité et de rigueur possible, afin d’avoir une perception de plus en plus précise et juste de mon intuition, celle qui est au coeur de toute CRÉATION.

And the Universe has my back, always!

Et vous, que faites-vous pour (r)éveiller la créativité en vous ? Quel est votre mouvement ? A quel point êtes-vous prêt à être à contre courant ?

Crème de marrons maison

Parce que la cuisine aussi a ses raisons que la raison ne connaît pas… La cuisine c’est la vie, et la vie est au coeur de l’envie !

Quelques sources et ressources

Le Cercle des Guérisseuses, de Jean-Philippe de Tonnac. A propos de ces femmes qu’autrefois on brûlait au nom de la religion miséricordieuse, à défaut de les comprendre, seul moyen de les faire taire pour apaiser les peurs et la douloureuse béance de l’ignorance. Cet ouvrage, pour tous ceux qui auront la curiosité de le lire à coeur ouvert, est un hymne au féminin, à la vie et à l’Amour avant toute chose. J’ai découvert cet homme merveilleux grâce à une amie. Il fait partie pour moi, des véritables audacieux, ceux qui ne craignent pas d’explorer l’invisible, le sensible et les profondeurs de son ombre pour y trouver la lumière. (Et pour le lien qui parle de lui j’ai délibérément choisi celui du podcast « Ceux qui nous lient ». Pour vous le faire découvrir mais aussi parce qu’il parle du pain…

The Artist’s Way « A spiritual path to higher creativity », de Julia Cameron. J’en ai parlé dans mon tout premier article, le Commencement. Il fait partie de mes livres de chevets. L’auteur y partage sa propre méthode de déploiement créatif, une méthode qui, elle aussi prône l’exercice et la régularité. A la différence que la spiritualité est présente à chaque instant. Une spiritualité qu’elle n’hésite pas à nommer Dieu !

« The problem with Mindfulness ». Un article récemment parcouru sur Medium et qui parle des biais et détournements des pratiques spirituelles d’origine orientale en occident. Et je dirais même plus, de déspiritualisation.

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