Auteur de Sens – Chapitre 1

La Foi, son choix, celui de croire ou pas et ce que l’on met dedans.

Quand j’avais 20 ans, ou peut-être un peu plus, j’ai perdu la Foi. Je me sentais vide, désincarnée, désertée, et je ne savais pas que cela allait durer quelques années, une longue traversée…

La semaine dernière, quelqu’un m’a rappelé combien elle était nécessaire en toutes choses, capitale, vitale, et voilà qu’hier alors que, assise sur le quai du métro les yeux rivés sur mon téléphone comme environ 98% des gens autour de moi (tout en me disant que c’était légèrement déprimant d’être autant en contradiction avec les réflexions que je fais à mes enfants à longueur de temps), se plante devant moi, un jeune homme. Il me regarde en souriant blanchement, de sorte que je ne puisse faire autrement que lever mes yeux vers lui. Il sourit, et se met à me parler du vide en Soi et de la façon de le combler en venant à Dieu et en ouvrant son cœur à Jésus mort sur la croix pour nous pauvres pêcheurs. Le tout sur fond de guitare et d’un chœur d’acolytes tout aussi souriants que lui, diffusant leur message de joie et d’amour et l’assurance de la rédemption, de la plénitude et de la vie éternelle… Amen. Je lui ai gentiment dit que si Dieu était là, il m’accompagnait déjà, qu’il était en moi, en lui montrant mon cœur et qu’il appartenait à chacun de faire son chemin et se sauver par ses propres moyens.

Et je me suis dit : « intéressant… ». Comme souvent, tout arrive en synchronie. Bien sûr, il n’était en aucun cas question pour moi de rejoindre l’Église de l’évangile ni de quoi que ce soit. J’ai simplement observé cet événement et ce qu’il provoquait en moi, son écho, sa vibration, sa résonance avec mes pensées du moment.

La notion de Foi m’interpelle ici en ce que, pour moi, elle n’a justement rien de religieux, ou pas que. Tout comme la spiritualité n’est pas qu’affaire de sainteté. Les religions sont le fait des hommes, elles sont issues de la nécessité de l’Histoire, la réponse extérieure à la peur de la mort et au grand pourquoi de la vie. D’après moi. La Foi, quant à elle, réside à l’intérieur de nous, fruit de notre conscience, elle conditionne notre rapport au monde, au vivant et à nous-même, elle détermine notre potentiel d’Amour. D’après moi, toujours. Je viens d’une famille, d’une culture, protestante dans laquelle ces deux notions étaient parfaitement dissociées, ou disons dissociables. L’une pouvait aller sans l’autre mais pas l’autre sans l’une : il va de soi que la religion sans la Foi c’est un peu comme une mer sans eau, un feu sans bois, une forêt sans arbre, un arbre sans sève. Il nous arrivait d’aller au Temple à Pâques, à Noël ou dans les moments importants mais c’est à peu près tout. Mon père, scientifique poétique, nous a transmis sa croyance que Dieu était en toutes choses et partout, dans la Nature autour de nous surtout, et aussi en nous. Il se recueille en musique ou en montagne, Eglises naturelles et sensorielles qui ont le mérite d’être disponibles à tout instant et sans intermédiaire.

Mais il nous a aussi appris à prier. Tous les soirs de notre enfance, en venant nous dire bonsoir, il ne manquait jamais de s’asseoir sur le bord de notre lit et de réciter avec nous quelques mots à l’attention du petit Jésus afin de lui demander de bénir chaque membre de notre famille, animaux de compagnie compris. Je me souviens de ces moments comme d’une grande tendresse, une tendresse qui apaisait instantanément mon cœur d’enfant et tous ses tourments.

En grandissant, mon père a arrêté de venir nous border mais j’ai continué de prier. Et, d’année en année, mes prières d’enfant sont devenues de véritables conversations, avec une « entité » que je nommais Dieu et qui, pour moi, avait la présence d’une véritable personne. Une personne sans corps et sans visage, un être immatériel, invisible, sans délimitation physique mais palpable, ayant le don de la vision absolue, celui qui sait, celui qui transcende la matière et lit le fond de l’âme. Une présence à la fois universelle et intime, constante, télépathe, à qui rien n’échappe, comme un scanner permanent des états de mon cœur, le grand créateur de la BEAUTÉ du monde, l’observateur de mes moindres faits et gestes et de mes émotions les plus enfouies. Un ami infaillible, un compagnon de route et de doute, un refuge indéfectible où le feu ne s’éteint jamais, même par jour de grand vent. Comme un canal vertical privilégié, un téléphone rouge pour mes pensées…

LA CONFIANCE et l’Amour, malgré tout*. Confiance en moi et en la vie, en l’être que j’étais alors. Forte sensation de dissonance, de différence, de divergence, mais en conscience de la mission qui m’avait été confiée, celle pour laquelle j’étais là, incarnée dans ce corps et dans ce cœur, dans cette famille, cette « tribu », cette histoire… Je ne savais pas encore comment, mais je savais, je sentais que j’avais un rôle à jouer, une action à mener, une histoire à transcender, pour libérer quelque chose, quelqu’un, ou serait-ce quelques unes, je ne savais pas encore très bien, mais je savais que cela me précédait…

Je sentais que l’Être que j’étais était plus grand que l’enfant de mon histoire**, oui, et qu’il cherchait déjà à s’exprimer, à me guider vers ma contribution, l’expression unique et authentique de mon incarnation, par des signaux visibles,  ou moins visibles.

Et puis à 18 ans, c’est la coupure de courant. Le trou béant. Canal bouché, obstrué, brouillé, antenne cassée, mayday mayday ! Je perds le contact, et je me perds de vue, je n’entends plus, je me suis lâchée, abandonnée. Des mots prononcés par quelque autorité viennent enfoncer la barrière de sécurité, se glisser dans les interstices, les petits orifices, les perforations subtiles d’une estime fragilisée par tous les autres mots que j’avais pris soin d’oublier.  La peur et le doute se faufilent comme un poison en intraveineuse. Pilote automatique lancé. On s’anesthésie et on se met en mode survie. On prend sur soi parce qu’on a bien appris à faire ça. Ceinture noire troisième dan.

A ce moment-là, je me souviens d’une lettre de mon père, en réponse à mon questionnement sur l’existence de Dieu et la croyance, sa présence et la perte de confiance.

Elle disait à peu près cela : et pourquoi pas ?! Si nous partons du principe que notre corps physique est composé de milliers de cellules interconnectées, interagissant, communicant entre elles grâce à une forme d’intelligence collective, et que notre conscience, nos émotions, tout ce que nous ressentons est issu de cette interaction, l’univers tout entier étant lui-même ainsi composé, il pourrait aussi bien constituer une « matière sentante » à part entière, à défaut d’être pensante. Un corps non-physique mais non moins vivant, doté d’une réceptivité sensorielle propre. Nos cellules communiquent les unes avec les autres, mais aussi avec leur environnement direct -nous ressentons l’air, les variations climatiques, notre propre énergie, mouvante, fluctuante, et celle des autres, nous percevons nos états respectifs au-delà de ce qui se dit ou se voit- et, dans un espace temps différent (ou pas tant), leur environnement indirect. Lorsque nous changeons notre rapport à nous et au monde, notre environnement proche change par induction. Toute transformation impacte CE et CEUX qui nous entourent. Alors, pourquoi pas à plus grande échelle ? Nous formerions tous, humains, faune flore et tous les états de la matière, un corps gigantesque, duquel nous serions individuellement et collectivement responsables, en fonction de notre niveau de conscience… Comme une participation, un quotient solidaire.

Et puis, surtout, il y a la BEAUTÉ

« Consider the lilies how they grow: they toil not, they spin not; and yet I say unto you, that Solomon in all his glory was not arrayed like one of these » (Solomon King, The Holy Bible, Luke ch. 12, v.27.)***

Je digresse comme souvent, c’est mon mouvement. Mais voici où je veux en venir exactement. Perdre la Foi, c’est perdre le fil de Soi. La relation de confiance avec son moi profond et l’Univers tout entier. Celle qui nous permet de rester dans notre alignement, de prendre les bonnes décisions pour nous, de ne pas nous perdre dans les projections des autres, d’avoir conscience de nos limites et protéger notre espace vital pour éviter les fuites énergétiques. Être attentif à notre vibration pour jouer notre propre musique. A jouer celle des autres ou ignorer la nôtre nous nous compromettons, et avec nous l’avenir du monde dans lequel nous vivons, celui de nos enfants et des enfants après eux. L’urgence écologique n’est pas que plastique ou climatique !

Ayons une Foi Farouche en ce que nous sommes appelés à être authentiquement et soyons vigilants, militants, parties prenantes et partis pris, des partisans sans compromis ! Affirmons notre position avec conviction pour mieux convaincre. Soyons les pratiquants fervents et sans amalgame de la BEAUTÉ du monde incarnée en chacun de nous et en toute chose. Des disciples de l’Humanité à travers notre singularité.

Je suis AUTEUR DE SENS, celui que vous voulez, et vous ?

Sources et ressources

Natural Woman

Aretha Franklin. Femme vibrante, énergisante et puissante, profondément croyante, iconique et magnifique, femme sauvage et sans âge, dans une représentation live émouvante. Je crois que moi aussi, j’aurais pleuré.

A stroke of insight. Pour vous, amis gauchers et normo-droitiers (dont je fais partie). J’ai été assez bouleversées par ce témoignage, celui d’une scientifique, grande chercheuse qui, à travers un accident cérébral grave, a fait l’expérience d’une immersion brutale et totale dans le monde sensible de l’hémisphère droit de son cerveau. **Merci Thierry pour ce partage, et pour l’expression empruntée plus haut qui fait de plus en plus sens pour moi. Parce que ce que l’on voit, ou que l’on croit savoir n’est qu’une infime partie de l’existant. Qu’il existe autant de réalités et de dimensions, de vérités, que les étoiles dans le ciel. Certaines personnes sont amenées à vivre des expériences étonnantes qui les emmènent à la frontière du monde visible, celui que nous percevons et croyons connaître, comme les expériences de mort imminente. Et si les frontières du réel n’étaient pas celles que nous pensons, celles que nous construisons pour protéger l’histoire que nous nous racontons ?

Les questions des tout-petits sur Dieu. Lorsque mes filles ont commencé à me poser des questions sur Dieu, j’ai mis un temps fou à trouver exactement ce que je voulais transmettre comme message, car pour moi il était multiple. Oui, je crois en Dieu, de la façon dont j’en parle plus haut, libre et libérale, Universelle et Naturelle. Je crois que Dieu c’est l’Amour et inversement. Mais non, je ne ressens pas le besoin de pratiquer, de m’identifier ou d’appartenir à une quelconque religion, et mes enfants ne sont pas baptisés. Je crois à la présence, la puissance de quelque chose de beaucoup plus grand que nous. Immatérielle. Ce petit livre a été construit en réponse à des questions simples d’enfants sur Dieu, dans le respect de toutes les formes de croyances et même de non-croyances. Partant du principe que TOUT ES OK !

Aimer malgré tout de Jean-Yves Leloup. *Un ouvrage tout aussi spirituel, mais pour adultes cette fois, qui parle d’Amour avec un grand A, de résilience et de Liberté, au travers d’un dialogue avec une femme croyante et inspirée. Et comme dirait Vincent Houba, la spiritualité n’est pas un « gros mot » qu’il faut s’interdire de prononcer par peur d’être étiqueté, elle est bien plus que ça, elle est essentielle, elle est ce qui nous lie, elle est l’Amour et la Foi dans le vivant tout simplement.

*** Grace, this is a special quote for you. Thank you for being who you are, for your constant trust, love and support.

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