De la tolérance à l’échec

TOUT EST LÀ
Rien à comprendre. Rien à changer.
Il n’y a qu’à ÊTRE pour exister dans notre singularité…

BULLSHIT! Comme diraient certains (dont un qui se reconnaîtra). Ces mots, ces phrases, ces expressions au conceptualisme apparent, prononcées comme des mantras par les nouveaux révolutionnaires -de plus en plus nombreux, militant pour la cause d’un retour vers soi et de l’épanouissement personnel au service du collectif, avec la ferveur qu’ont parfois les illuminés et les prêcheurs d’évidences- avaient le don de m’exaspérer, de m’irriter instantanément, tant je n’y comprenais rien.
Jusqu’à ce que je commence (et je dis bien commence) à en (re)sentir la portée, l’authentique simplicité.

TOUT EST LÀ.

Ça va de soi, mais ça veut dire quoi bon sang de bois ?! Ça veut dire que tout est là. C’est tout. Et qu’il n’y a qu’à être. ÊTRE. Mais être quoi ? On fait comment ? J’ai longtemps dépensé une énergie considérable à chercher la réponse à la question, et une énergie encore plus considérable à tenter de maîtriser tant bien que mal la colère qui me rongeait du fait de ne pas la trouver. Et plus je cherchais, moins je trouvais. Rage et frustration. Enfer et damnation pour toute personne rompue à la cause qui prononcerait ces mots devant moi, qui plus est en y croyant vraiment et paraissant les incarner avec une sincérité déconcertante, ces « happy fews », les choisis, les élus, qui semblaient avoir compris quelque chose, pour ne pas dire tout, alors que moi, je restais injustement enfermée dans la caverne de mon ignorance, les limites de mon intelligence où celles de mon amour du monde. TOUT EST LÀ. Rien à faire, rien à chercher. Ça me donnait des envies de meutre. Rien que ça. Et comme ce genre d’envies n’est pas vraiment acceptable, ni compatible avec une vie sociale un minimum harmonieuse et équilibrée, j’ai décidé de m’asseoir sur le bord de la route et d’arrêter de chercher. Et voici, en résumé, ce que j’ai compris :

Tu a toujours aimé écrire, avec une certaine élégance (t’a t’on dit) et un goût pour la profondeur, l’exploration des coeurs, l’essentiel, la justesse émotionnelle ? Tu es Auteur de Sens et c’est tout. Un punto e basta. Et tant mieux si ça n’existe pas ! Et si tu n’es pas à l’aise avec ça, si tu n’as pas encore l’audace d’y croire, si tu ne te sens pas légitime, répète-le chaque matin en te levant comme un mantra, comme un choix, comme une décision, une programmation, une affirmation sans concession. Jusqu’à ce que ça finisse par t’habiter, par te représenter aux yeux de toi-même. « C’est celui qui dit qui Est », comme le scandent les enfants, ils ne s’embarrassent pas de ce qu’on en dira.
Ta passion c’est la décoration et les meubles en cartons ? Tu es une artiste du futur présent, un créateur d’univers intérieurs étonnants, un défieur des lois de la gravité du fauteuil, un Conscious Furniture Designer engagé dans le mobilier éphémère responsable, un embellisseur d’espaces disciple d’un futur souhaitable, et c’est ça ta contribution au monde.

Et une fois que l’on commence à comprendre ou disons ressentir cela, et à « lever les voiles » pour identifier les expressions de notre singularité (parfois si évidentes qu’on ne les voit pas et que l’on s’évertue à chercher ailleurs), c’est à ce moment-là qu’il nous faut désapprendre, démanteler un autre mantra, saboteur cette-fois, qui parfois pour ne pas dire souvent, nous lie les ailes depuis bien longtemps :

ECHOUER est INACCEPTABLE, INCONCEVABLE, INTOLÉRABLE, et a fortiori INSURMONTABLE.

Notre sacro-saint système scolaire y a bien contribué (soit dit en passant). Alors, ma nouvelle formule sacrée en ce début d’année (parce que sinon ça fait beaucoup de mantras), début qui comme au mois de janvier, nous fait prendre tout un tas de bonnes résolutions, fixer de nouveaux objectifs, nous donne envie de signer tout un tas de nouveaux contrats avec soi, sera cela :

VA, FAIS et TROMPE-TOI !

Je fais le contrat avec moi d’augmenter ma tolérance à l’échec. De produire plutôt que travailler. D’essayer, de rater, de pivoter et de ré-essayer, encore et encore, pour ne pas renoncer avant mais après. De faire pour apprendre plutôt que d’apprendre pour faire et attendre un meilleur moment qui ne viendra jamais, ce qui équivaut à se bercer d’illusions, à se raconter une histoire, celle de « ce qu’on serait si on était… » de « tout ce qu’on fera le jour où on sera… », comme un anesthésique général en goutte à goutte.

Et vous, c’est quoi votre contrat ?

Imaginez ce que serait notre vie si se tromper, échouer, rater, nous planter, n’était qu’une simple donnée, une information climatique, météorologique, une indication d’une direction à éviter, d’un axe à améliorer, une invitation à nous surpasser et ainsi repousser les limites de notre gigantesque chantier et de nos possibilités, élargir notre vision du monde, et donner encore un peu plus de sens et de consistance à notre existence…

Ma fille m’a dit un jour « tout est possible quand tu sais qui tu es », et si on le savait déjà ?

Quelques sources et ressources

les podcasts de Amy porterfield et Brook Castillo. Deux femmes audacieuses, reines respectives du marketing online et du life-coaching. Je suis l’une depuis un moment et suis tombée sur l’autre en synchronie de pensée. Il est vrai que les américaines ont l’avantage d’avoir l’âme historiquement conquérante. Le sentiment d’illégitimité, d’usurpation, la peur du qu’en dira-t-on, ne fait pas partie de leurs chantiers de vie, contrairement à beaucoup d’entre-nous, femmes françaises. Car il me semble oui, que nous héritons par capillarité des traits comportementaux de notre culture, de notre tribu culturelle et sociale à l’échelle familiale autant que nationale. Alors, les américains ont certes Donald Trump, mais ils ont aussi plein d’entrepreneuses talentueuses et inspirantes.

Les 4 accords Toltèques, de Don Miguel Ruiz.On en parle beaucoup dans l’univers du développement personnel, comme d’une petite bible comportementale simplifiée à l’efficacité redoutable. Je l’ai donc lue, parce que ce dont on parle beaucoup peut aussi être intéressant. J’y ai trouvé des évidences, limpides, de celles qui viennent de loin et que l’on aurait tort de banaliser.

Votre chemin de vie, de Dan Millman. Que je continue d’explorer, comme un outil de progression parmi d’autres, qui propose une lecture originale de nos possibles expressions. Des « endroits » où nous devons concentrer notre énergie pour être pleinement ce que nous avons à être. Ce que j’ai aimé la première fois que j’ai parcouru cet ouvrage, c’est la confirmation de ce sur quoi je devais me concentrer moi en priorité. Je le sentais, j’en avais l’intuition et le lire m’a en quelque sorte apaisée, validée. On se disperse souvent, de peur de perdre l’embarras du choix dans lequel nous nous maintenons pour mieux ne pas choisir pour éviter, croyons-nous, de passer à côté de nous, attitude qui, contre toute attente, nous fait rester exactement où nous sommes.

2 thoughts on “De la tolérance à l’échec

    1. Bien sûr ! Nos expressions, nos moyens sont différents, mais nos contributions sont similaires 🙂 il y a la maison qui nous abrite et celle qui nous habite je crois que c’est justement cet espace intérieur que j’essaie de créer avec mes mots et j’aime que mes mots soient beaux (pour moi et je l’espère pour quelques autres). Toi tu as un don pour mettre de la beauté et de l’harmonie dans la maison (entre autres talents) au-delà de la mode et des codes du design que l’on voit aujourd’hui tous univers confondus. Chez toi (du peu que j’ai vu en Bourgogne) les objets ont une vraie singularité, ils existent, seuls mais aussi entre eux et cela crée une atmosphère unique, vivante, une vraie chaleur, une énergie particulière. C’est ce que moi je sens chez toi, et plein d’autres choses 🙂

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