De l’estime de soi

« C’est pour vous, ou c’est pour offrir ? »

Voilà. À chaque fois c’est la même chose. 0n se lève le samedi matin en se disant qu’aujourd’hui on va se faire plaisir et aller au marché s’acheter des fleurs rien que pour soi, et voilà. Et bien…C’est pour M’offrir Madame !

Non parce que, si tu dis que c’est pour toi, tu auras droit à l’emballage de niveau 1. Avec un peu de chance ce sera ficelle et papier kraft, qui rassureront ton engouement pour le développement durable et ton fantasme de vie slow et écolo. Mais en général, c’est juste un bout de plastique transparent agrafé nonchalamment. Alors surtout, surtout, prends bien soin de dire à tous les coups que c’est POUR OFFRIR !

L’estime de Soi commence par Toi. Et je suis bien placée pour en parler, parce qu’autant j’ai un ego débordant autant, de l’estime de moi, je n’en ai pas beaucoup. Cela peut paraître antinomique, mais ça ne l’est pas du tout. Ces deux-là s’auto-alimentent à la perfection. L’ego dit : « je mérite quand même bien un emballage digne de ce nom, pour une fois que je décide de me faire plaisir ! ». Et l’autre de répondre: « finalement, c’est vrai que ce n’est que pour moi, je ne vais pas lui demander de me faire un paquet sophistiqué que je vais défaire et mettre à la poubelle dans 5 min, je ne vais pas ennuyer Madame pour ça, pour qui je me prends ?! ». Alors tu dis « non Madame, ce n’est QUE pour moi, merci (oui parce que tu dis « merci » aussi !) ». Et tu repars pleine de frustration et de colère, en te disant que ZUT, ça t’aurait fait tout de même sacrément plaisir un bel emballage, ça t’aurait donné le sourire, parce que tu le vaux bien, et même bien plus ! » Et tu rentreras chez toi toute raplapla, flagada, l’énergimètre à plat, en te disant que, décidément, encore une fois tu n’as pas su prendre soin de toi… Petit coup de fouet sur l’épaule gauche, petit coup de fouet sur l’épaule droite.

Alors, non seulement c’est pour offrir, le bouquet, mais c’est pour offrir à quelqu’un de TRES TRES important.

Photo by Michael Mazzone on Unsplash

DIGRESSION.

En ce moment, je manque d’inspiration. Alors, consternée par tant de procrastination, je m’interroge sur la source du problème, la source du vide, l’origine du néant. Et je comprends, même si je ne l’intègre pas encore complètement, que le néant prend sa source dans le manque d’envie. Et que le manque d’envie prend lui-même sa source dans l’inertie. Laquelle se nourrit des peurs enfouies, que le mental, surstimulé par l’absence d’action, fait subversivement remonter à la surface. Comme si nous étions, à l’instar des premiers hommes, en milieu hostile, menacés par un très grand danger. En situation de précarité. D’extrême insécurité. Or, je ne vois objectivement aucune menace. Comment est-ce possible ? Comment peut-on être pétrifié, terrassé, par un ennemi qui n’existe pas ? La sensation est là pourtant. Le ressenti est comme le vent, qui renforce la perception du froid alors même que la température devrait être acceptable. Elle l’est.

Alors qu’est-ce qui nous fait si peur ? La peur n’a aucun fondement, mais on la ressent. Qu’elle existe ou non, finalement qu’importe. On a beau le savoir, on a beau se le dire et se l’entendre dire, ça ne change rien à la sensation quasi physique éprouvée.

L’ennemi a muté. Sans que l’on s’en aperçoive, subrepticement, à force de lissage et de formatage, il a traversé la membrane de sécurité, pour ne plus se trouver en dehors de nous, mais EN nous. Avant, on avait peur de mourir vraiment, de ne pas arriver à se nourrir. Aujourd’hui, on a peur de ce que l’on n’accepte pas chez nous, parce qu’en le mettant en perspective de ce que la société nous sert comme étant le modèle absolu de bonheur et de réussite, on RESSENT une forte, une très forte dissonance. Oui. Un modèle unique et injonctif d’un côté, et 9 milliards d’individualités de l’autre. Comment se fait-il que l’on ne fasse pas le choix de SOI face à l’absurdité du constat ? Comment se fait-il que l’on continue de se camoufler, de s’anesthésier, d’acheter des vêtements noirs dont on nous dit qu’il s’agit d’une couleur « basique » (comprendre qui sied en toute circonstance et à tout le monde, ici, maintenant et pour la nuit des temps), alors même que nous crions haut et fort ne pas supporter les uniformes ? Nonobstant le fait qu’il est soit disant de rigueur, dans notre culture latine, d’en porter aux enterrements, ce qui suffirait presque à expliquer notre peur existentielle du trépas. Alors même que, j’en mets ma main à couper, le jour du jugement dernier nous n’aurons qu’une envie, celle d’un comité de départ haut en couleurs !

Il m’est de plus en plus clair, aussi clair que l’eau d’un ruisseau de montagne, qu’il devient urgent de prendre la tangente, de faire preuve d’audace en osant la différence comme autant de possibles. Se choisir Soi pour le bien de tous et celui de la planète, en arrêtant de faire porter le chapeau au voisin, à la chance ou au bon Dieu. Certains l’ont déjà fait, parce qu’ils n’avaient pas d’autre choix. Incapables de se sur-adapter, l’authenticité totale s’est imposée comme le souffle de vie, peu importe le prix et l’étendue du décalage perçu. Et pour les autres, dont je fais partie, et bien je crois qu’il est grand temps. Seulement, parfois, cela ne peut se faire en fulgurance, ni même par un acte volontaire. Les dommages collatéraux jouent les objecteurs de conscience et demandent réparation, souvent progressive et engagée.

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MEMBRANE. MOUVEMENT. INSTINCT. ENVIE.

Restaurer la MEMBRANE, notre enveloppe charnelle, notre corps physique, notre barrière de corail, filtre protecteur entre nous et le monde. Rester en lien et en MOUVEMENT, car en chacun de nous réside une part de l’autre. Aller vers l’autre c’est aller vers soi et inversement. Se reconnecter à notre INSTINCT, retrouver notre intuition, en nous laissant progressivement et quotidiennement guider par les signaux de l’ENVIE, celle qui résonne pour nous, celle qui fait vibrer notre musique intérieure, la musique du cœur.

Voici mes pensées du jour, chers amis lecteurs. Elles peuvent vous sembler teintées de gris, mélancoliques, trop philosophiques et théoriques, elles sont en réalité un humble manifeste plein d’espoir et d’envie.

Et pour vous le démontrer, je vous laisse avec un peu de lecture supplémentaire. Les sources, les ressources et les inspirations, souvent partagées par des personnes chères, récemment ou plus anciennement :

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