Que les enfants puissent voir TOUTE LA BEAUTÉ DU MONDE avant d’apprendre à s’inquiéter pour lui et pour eux-mêmes.
Oui. Tel est mon rêve aujourd’hui. L’un d’entre eux tout au moins. Et je crois qu’il a toujours été là.
« To be or not to be? ». Toute l’ampleur de cette question Shakespearienne m’est apparue ces derniers jours. Être ou ne pas être. Et il m’est venu l’idée qu’incarner son êtreté, c’était aussi faire des choix en accord avec celle-ci, en harmonie avec ce que l’on ressent au fond de soi, profondément. Jean-François Deniau en avait fait le titre d’un de ses livres, qui m’a été offert par un ami il y a fort fort longtemps : « Je dis ce que je CROIS et je fais ce que je dis ». Oui, parce qu’on peut penser toute sa vie tout un tas de choses fort intéressantes sur l’état du monde, la société, l’éducation, l’écologie, disserter, prendre parti, ou contre-parti, s’insurger, critiquer, mépriser, râler comme on sait si bien le faire chez nous, mais tout ça ne compte pas si l’on n’agit pas en conséquence, n’est-ce pas ? Et cela demande de répondre à une autre question en amont : quelles sont donc nos valeurs profondes, fondamentales, structurantes et déterminantes ? Celles qui sont si fortement ancrées qu’elles viendront, petit à petit, à mesure de notre alignement, se poser au coeur de nos décisions et s’imposer, guider nos actions, nos orientations, pour nous et pour nos enfants.
Et ces choix sont parfois disruptifs -tout comme l’ont été les grandes découvertes et avancées de la science et de l’Histoire de l’humanité- en rupture d’avec « ce qui se fait », ce qui est pratiqué par le plus grand nombre. Et essuyer les réactions, dites et non-dites, à cette forme de marginalisation. Les laisser glisser, s’écouler avec le ruisseau, laisser couler l’eau, le torrent de toutes les peurs qui ne sont pas (toujours) les nôtres, mais (souvent) celles des autres, et que nous ressentons par capillarité. POROSITÉ. La semaine dernière, j’ai donc retiré ma fille de son collège traditionnel sous contrat pour lui faire intégrer La Classe du Phare. Une classe d’un nouveau genre où l’on prépare les enfants non pas au monde d’hier et d’aujourd’hui mais, à mon humble avis, à celui de demain. Nous sommes tous pétris de croyances. Des croyances qui sont le fruit de notre éducation et de la façon dont nous avons reçu et engrammé les différentes choses qui nous sont arrivées dans la vie. Je me suis donc demandé, en toute honnêteté, si ce choix, je ne le faisais pas pour moi ? Mais en interrogeant ma conscience, la réponse fut clairement NON. Si je fais ce choix c’est parce que j’ai la FOI. Une foi féroce en la Vie et en ce que représentent les enfants. Ils sont l’avenir du monde, depuis la nuit des temps, et ils ont en eux un pouvoir de transformation qui va bien au-delà de ce que nous voulons voir, ce que nous avons besoin de croire.
Comme les FEMMES, les enfants sont des messagers. Et comme elles, ils se soulèvent et s’éveillent, et ils ont soif de VIVANT.
En observant mes propres enfants évoluer dans le système scolaire que nous connaissons (public, privé sous contrat, tout ça c’est du pareil au même), j’ai pu constater que celui-ci n’avait toujours pas évolué, lui, depuis le temps où moi j’y étais. Mais les enfants, eux, ont pourtant bien changé ! Ils prennent toute la place que ne nous accordaient pas nos parents, et vivent leurs individualités avec autant de pugnacité et de non-compromission. Ils ont besoin d’être nourris autrement. Et les gaver de connaissances théoriques « gauchères » et arbitraires pour honorer un programme aux fondations ancestrales, pyramidales et obsolètes, ne garantit en rien qu’ils deviendront des être humains autonomes, responsables (et non coupables !), capables d’analyse autant que d’intuition, d’intelligence émotionnelle individuelle et collective, conscients et bienveillants, présents au monde et à eux-mêmes. NON. En parlant avec ma fille de 9 ans l’autre jour, je lui résumais mon activité en lui disant simplement que j’aidais les gens à exprimer leur créativité. Elle a réfléchi un instant et m’a dit ceci : « tu sais maman, sans vouloir te vexer, je crois que Rose et moi, on n’aura pas besoin de quelqu’un comme toi ». Ça m’a fait sourire, et je lui ai demandé ce qui lui faisait penser ça et voici ce qu’elle m’a répondu : « Parce que Rose et moi, tu vois, on connait déjà TOUTES NOS PERSONNALITÉS, et on a pas peur de les exprimer ». Tout était là. Et je me suis dit que c’était ça, élever un enfant, lui permettre d’être ce qu’il EST, en faisant simplement en sorte qu’il soit nourri à la hauteur de son potentiel exponentiel, intellectuel, spirituel, créatif et émotionnel.
Va, vis et deviens, car ce n’est pas à moi que tu appartiens.
Ça, et aussi l’incarnation, la transformations en actions de mes croyances profondes, quand bien même cela me demanderait de me défaire, de m’éloigner de la norme sociale, et de ranger mes peurs au placard. Et accompagner mes enfants, en leur apprenant à faire de même avec les leurs, de peurs. Alors oui, j’ai fait le choix de la peur de ce que je ne connais pas, plutôt que celle de ce que je ressens depuis l’enfance comme étant une obstruction majeure à l’épanouissement de notre humanité et de Soi. Et je me souviens de moi à 7 ans et de toutes les mornes années qui ont suivi notre courte expatriation en Asie, où j’avais eu la chance de vivre une expérience scolaire différente et tellement vivante, créative, exaltante et fortifiante ! Mon retour en France et dans notre sacro-saint système à tiré un rideau sur ma vie, mon estime de moi et mes envies. Alors bien sûr, je pars de là, et de tous mes écueils personnels. On part toujours de là. Je me suis adaptée et j’ai fait mon chemin dans ce qui m’est cependant toujours apparu comme étant possiblement le plus grand gâchis de tous notre temps.
Et je me dis aujourd’hui que ce qu’il manque dramatiquement à nos écoles républicaines c’est précisément cette sensibilisation à la richesse, à la joie, au Merveilleux et à la BEAUTÉ du monde et de la Vie, à son immense préciosité. Donner envie, envie d’apprendre, envie d’avoir envie. Nourrir l’esprit autant que le COEUR. Eveiller la créativité sous toutes ses formes, encourager l’empathie et la compassion, préserver et entretenir un lien étroit avec tout ce et ceux qui nous entourent, la TERRE et l’UNIVERS, cette fragile mais indéniable et si vitale interconnexion.
« Eveiller leur SENS du bon, du beau, du vrai, le respect et l’émerveillement pour la Nature, faire grandir leur SENS de soi et de l’autre, leur capacité à discerner, réfléchir, se relier, resSENtir, avoir envie d’entrer dans le monde. Leur permettre d’ÊTRE ce qu’ils SONT, et contribuer à en faire des adultes dont le monde de demain aura besoin. » Telle est la devise du Phare pour les enfants qu’il accueille « en résidence ». Devise que je partage et pour laquelle j’ai choisi de sortir de ma zone de confort inconfortable, afin de faire vivre à ma fille, pour un temps qui sera le sien, l’expérience de la différence, de l’alternative audacieuse proposée par des hommes et des femmes qui ont les pieds sur Terre, la tête sur les épaules, la main sur le coeur et le regard tourné vers les étoiles.
É ché sera sera, et qui vivra verra…
Et je vous invite à poursuivre la réflexion en lisant mon manifeste pour la Liberté