La rhubarbe est un fruit très symbolique pour moi. Un fruit brut, rustique, ancien, quelque peu récalcitrant et qui ne s’embarrasse pas des apparences.
Traditionnellement, dans mon enfance, ma mère en faisait de la compote, ou de la compotée qu’elle utilisait pour sa fameuse et délicieuse tarte meringuée. Il y a des desserts et des plats qui vous marquent, qui ponctuent des moments de la vie et dont on ne peut pas vraiment déterminer si c’est parce qu’ils étaient si bons, ou simplement contextuels. Alors cette fois, j’ai voulu changer, varier, digresser, « juste pour voir ». Et aussi peut-être dans l’idée de couper le cordon, oser, écouter mon envie et ré-écrire ce dessert si emblématique d’une personne et d’une époque pour moi.
L’heure étant paradoxalement à la réassurance rétrograde, au vintage, à la simplicité, au slow et aux légumes « oubliés », le tout adopté en un véritable style de vie pour certains, comme on entre en religion faute d’en avoir une, je ne suis finalement pas si sûre que mon désir de rupture et de nouveauté soit réellement exaucé. Ainsi soit-il.
Et comme le disait Lavoisier, « rien ne se perd, rien ne se créé, etc. »