N’avez-vous par remarqué que, comme Proust et ses madeleines, l’enfance avait un goût, et même plusieurs ? Lorsque nous sommes rentrés d’Indonésie, après avoir passé une année de transition à Fontainebleau, dans la maison de ma grand-mère, année pendant laquelle ma soeur est arrivée, nous sommes partis pour l’Oise, où nous avons vécu deux ans. L’endroit où nous habitions n’a rien de mémorable, c’était un tout petit village, non loin de Beauvais. Même si les petits villages a priori sans histoires sont souvent le terrain idéal de légendes et d’aventures insoupçonnées, surtout lorsque l’on est enfant, et que chaque événement est amplifié par une perception aussi forte que l’on est petit et particulièrement à l’écoute du monde. Les traces rouges sur les arbres se transforment facilement en preuves de pendaison, et les fugues de la plus belle fille du village en enlèvement de celle-ci par le fils du boucher à celui du boulanger… Ce que ces deux années ont eu d’extra-ordinaires, nous le devons à la configuration de notre maison. Mes parents avaient acheté un terrain doté d’un immense jardin rempli d’arbres fruitiers, de cassis et de groseilles à maquereaux, sur lequel trônaient deux maisons. Je ne sais pour quelle raison, nous avions, mon frère et moi, reçu l’autorisation d’élire domicile dans l’une d’entre-elles, pendant que ma soeur et eux s’étaient installés dans l’autre, la maison principale. Ces deux années ont probablement été les plus fertiles pour notre imagination et notre complicité.
Combien de nuits, que nous qualifions de blanches, avons-nous passé à nous inventer des histoires sous un drap tendu, armés de lampes de poches et d’une quantité incalculable de Lego et de Playmobil. Souvenir d’une grande liberté, de notre première varicelle collective, du grand cerisier, d’une rencontre abominable avec une tarte à l’oignon, d’une professeur de piano fantasque, de gelée de groseilles, et de tarte à la rhubarbe meringuée…
C’est justement cette recette de tarte à la rhubarbe que j’ai eu envie de partager avec vous cette semaine. Parce que c’est la saison de la rhubarbe et que, en voir au marché mercredi a fait remonter un tas de souvenirs. Je me suis tout à coup revue découpant ces belles branches vertes et rouges à l’odeurLire la suite
Prep Time:
1h
Cook Time:
1h
Total Time:
2h
Serves:6
Ingredients
Pour la pâte (ma petite expérimentation)
200g de farine
150g de beurre salé (ou doux si vous préférez)
120g d'amandes entières avec la peau (ou 100 g de poudre d'amandes si vous en avez)
2cuillères de sucre de canne complet (Moscovado)
Pour le reste (la rhubarbe et la meringue intalienne)
1kg de rhubarbe fraîche
3cuillères de sucre en poudre (de canne ou blanc)
3blancs d'oeufs
180g de sucre glace
Instructions
Je me suis servie d'un moule à tarte en pyrex de petite taille, 20 cm de diamètre, parce que j'avais envie que la couche de rhubarbe soit suffisamment épaisse pour que la meringue ne lui fasse pas la part belle 🙂
Vous pouvez commencer par ce que vous voulez, moi j'ai choisi la pâte.
Faites dorer les amandes sous le grill du four quelques minutes, elles doivent brunir sans noircir. Laissez-les refroidir quelques instants et frottez-les dans un torchon pour qu'elles perdent un peu leur peau. Broyez-les dans un mixer, en faisant en sorte de garder des petits morceaux croquants.
Mélangez tous les ingrédients, la farine, le beurre (mou mais pas trop), les amandes et le sucre moscovado, jusqu'à l'obtention....tintintin ! D'une pâte pardi 🙂 Autorisez-vous à ajouter une ou plusieurs poignées de farine si vous voyez qu'elle colle trop. Réservez-la au frigo.
Lavez, pelez et coupez les branches de rhubarbe en morceaux. Dans une passoire au-dessus d'un bol, faites-les dégorger dans 3 cuillères à soupe de sucre (environ 50 g), pendant 30 min à 1 h. Une fois dégorgés, faites cuire les morceaux de rhubarbe pour en faire une compote (attention, pas une purée !). Libre à vous de sucrer à votre goût, mais gardez en tête que la meringue est elle-même très sucrée et que tout l'intérêt réside dans l'équilibre entre le sucre et l'acidité 🙂
Laissez la compote refroidir, pendant que vous préparez la meringue...
Pour la meringue il vous faut bien sûr un batteur. Battez tout simplement les blancs avec les 180g de sucre glace, jusqu'à ce que vous arriviez à une consistance dense, épaisse et onctueuse à la fois, rien à voir avec les oeufs en neige !
Pré-chauffez votre four à 180°. Beurrez et farinez votre moule. Sortez la pâte du frigo et étalez-la au rouleau avant de foncer le moule avec. Il se peut que vous deviez y mettre les mains car la pâte est plus friable qu'une pâte brisée classique, un peu comme un sablé.
Passez-la au four seule pendant 10 minutes.
Sortez la pâte du four, remplissez-la de compote et recouvrez le tout de meringue. Vous pouvez utiliser une poche à douille pour vous amuser, ou tout simplement votre spatule pour la sculpter un peu.
Pour la cuisson, il y a deux écoles, celles des gens patients, et celle des autres. Vous pouvez soit la laisser cuire 1h à 110 degrés pour laisser la meringue monter comme il lui plait. Ou alors opter pour le raccourci qui consister à la mettre 15-20 minutes à 180, ou encore quelques minutes au grill en surveillant bien. Personnellement, mon perfectionnisme chronique a eu raison de mon impatience non moins pathologique, j'ai opté pour la valeur sûre 🙂
Astuces et "making of"
Alors....En ce qui concerne la pâte, je dois reconnaître qu'elle s'est avérée si friable que j'ai préféré abandonner démoulage et belle présentation. Mais elle est cependant délicieuse ! Un vrai biscuit sablé au bon goût d'amande grillée et de beurre salé, qui se marie parfaitement avec la rhubarbe acidulée et la texture légère et sucrée de la meringue. Cependant, si vous invitez de hauts dignitaires, optez peut-être pour une pâte brisée sucrée classique.
Ensuite, n'hésitez pas à varier les moules, pourquoi pas des ramequins individuels en pyrex transparent pour faire une sorte de crumble stratifié, ou alors un moule à manqué, ou encore un moule carré....s'il vous plait !
Sur la photo j'ai eu envie d'ajouter un verre de sirop de pamplemousse pour mettre une touche de couleur, et bien figurez-vous que l'association est excellente ! Et je me dis qu'un sirop de sureau avec de l'eau gazeuse (à l'anglaise) ne serait pas mal non plus 😉
J'envisage aussi, d'intégrer progressivement d'autres farines, et des substituts au beurre. Il existe tant de possibilité. C'est à la mode me direz-vous, c'est dans l'air du temps, mais c'est aussi intéressant et révélateur de changement...
A bientôt....