Vendredi 16 décembre 2016, mon anniversaire, 15h40, Aéroport Roissy Charles de Gaulle, un 747 s’envole pour Bangkok avec à son bord, ma famille et moi, entre…beaucoup d’autres.
D’une famille hétérogène et hétéroclite, aux origines multiples et aux histoires d’un peu partout, ayant beaucoup déménagé, vécu à l’étranger (en Asie notamment, mais ce sera l’objet d’un autre article), changé d’école un certain nombre de fois, et pas mal voyagé, j’ai toujours voué un véritable culte à l’Ailleurs. Adolescente, je jurais à qui voulait l’entendre que JAMAIS au grand JAMAIS je ne ferai ma vie en France, ça non ! La vraie vie c’est le voyage. Les études à l’étranger. Déménager. S’expatrier. Parler anglais. Le melting pot et le cultural jam. Se frotter à d’autres habitudes, d’autres traditions, d’autres langues, d’autres modes de pensée, et de vie que les siens, si étroits, si monotones, si fades et dépourvus d’intérêt. L’Ailleurs représentait une sorte de graal, de lune à décrocher, de terre promise, d’île aux trésors, de lampe d’Aladin, de formule magique et de suprême thérapie. Un endroit où, forcément, ma vie serait si différente, tellement mieux, tellement plus belle, tellement plus excitante, tellement plus facile, tellement PLUS. En d’autres termes, je vénérais l’Ailleurs comme un Dieu, et je passais ma vie à l’attendre. Aujourd’hui, j’ai un frère aux Etats-Unis, une soeur en Suisse, des parents en Espagne et, à 42 ans, je vis avec un parisien « pure souche », à Charenton-le-Pont, terre-promise, si ce n’est sainte, de mes deux enfants, et je n’ai pas quitté Paris (et maintenant sa banlieue) depuis plus de 20 ans. Comme quoi, la vie est pleine de surprises. Non. On ne fait pas ce qu’on veut. Le karma, c’est le karma.
Cet hiver, après moult discussions animées avec mon conjoint qui s’acharnait à m’expliquer que le voyage est devenu surfait, banal, grégaire et superficiel, nous avons décidé de nous affranchir des traditions de fin d’année, et de nous rendre, en comité familial restreint, dans un pays lointain, exotique et kids friendly, qui se trouve être aussi l’un des plus touristiques et fréquentés qui soit : la Thaïlande. Et, s’il nous fut difficile de sortir des sentiers battus, que même l’imprévu était prévu, et que des envies et exigences qui nous semblaient être le produit exclusif de nos valeurs si singulières se sont révélées être celles de milliers de personnes avant nous et de milliers d’autres qui nous succèderont, nous avons fait un très beau voyage. Nous nous sommes simplement dit qu’aujourd’hui, peut-être, il fallait s’y prendre différemment pour « voyager », au sens propre comme au figuré, être plus préparé, ou pas du tout, revenir plusieurs fois au même endroit, que la notion de dépaysement était relative, et que l’on pouvait aussi partir « très loin » juste à côté.
Mais nos souvenirs n’en sont pas moins emprunts de joyeuses et vives couleurs, d’un autre rapport au temps, de sourires et de gentillesse, de marchés grouillants et odorants, de tuks tuks et de virées en scooter sous le soleil, de temples et de buddhas, d’éléphants, de jungle et de pluie tropicale, de papayes, de bananes, de mango sticky rice et de pad thaï. Et, au sujet du sujet qui nous intéresse ici, autrement dit les femmes et la cuisine, nous avons, parmi nos diverses activités, décidé de passer toute une journée dans une ferme bio à la campagne pour apprendre les rudiments de la cuisine thaïe en famille. L’organisme que nous avons choisi a été créé par une femme (assez jeune) et les cours sont également dispensés par des femmes. Tout au long de notre périple, il m’est apparu clairement que les femmes thaïes sont particulièrement déterminées, travailleuses et entreprenantes. Gayray, qui a fondé ce cours de cuisine, l’a fait avec le soutient de sa mère et de sa soeur et, au dos du petit cahier de recettes qui nous a été remis individuellement à la fin du cours, j’ai découvert ces quelques mots, comme une devise : « Many people question us about the business: are you able to run this business because of your boyfriend? The answer is no. We want to show everyone in the world that Thaï women can run a business without a rich boyfriend. » La couleur est annoncée, et elle n’est pas en demi-teinte 🙂 Notre cours de cuisine non plus, pas plus que celles qui les administrent ! Voici donc deux de ces recettes, que j’ai reproduites chez moi avec beaucoup de plaisir, et celui de quelques goûteurs connaisseurs : la soupe Tom Kha Kai pour sa douceur acidulée que j’aime tant, et la mangue fraîche au riz gluant et au lait de coco, pour la mangue bien sûr, ce fruit merveilleux, mais aussi pour ce riz dit gluant que j’ai toujours rêvé de savoir préparer.
Quelques adresses et liens :
Villa Duang Champa, notre hôtel à Chiang Mai. Plus une pension qu’un hôtel, relativement occidentalisée mais en toute simplicité. Nous y avons passé 5 jours merveilleux. http://duangchampa.com/
Asia Scenic Cooking School. Là aussi bien sûr, une attraction assez touristique, mais une très bon souvenir, et surtout une journée en pleine campagne à réaliser en famille toutes les recettes thaïes classiques que nous aimons tant. http://www.asiascenic.com/
Thai Adventure Rafting. Voici bizarrement quelque chose que nous n’avons pas fait. Pas assez de temps, enfants trop petits… Mais nous avons rencontré les organisateurs, un français installé à Pai depuis la fin des année 80, et son fils, et avons beaucoup apprécié leur approche de cette attraction et de la nature, et le contact que nous avons eu avec eux. http://www.thairafting.com/
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