Pas de prose exhaustive en cette veille de Noël, mais une recette familiale traditionnelle et chère à mon coeur.
Noël est devenu une fête essentiellement consumériste, mais mes souvenirs d’enfance à ce sujet sont d’Epinal. Chaleur, émotionnelle et réelle, couleurs chatoyantes, vraies bougies pincées sur les branches du sapin, qui m’apparaissait grand quelle que soit son gabarit, couverts en argent sur la nappe de Noël, toujours la même, et service bleu anglais. Je me souviens de mon père mettant un soin particulier à préparer le milieu de table avec de vraies branches d’épineux entremêlées de houx muni de ses baies, que nous allions chercher en forêt. Nous avions le droit d’y ajouter des éléments décoratifs, comme des petits personnages ou des boules de Noël, rouge souvent qui, promues pour un moment, retourneraient sur le sapin après. Les deux grands chandeliers trônaient sur les côtés. Un menu des plus traditionnels la plupart du temps, foie gras fait par maman, saumon fumé et dinde aux marrons. Mais avant, nous prenions l’apéritif tant attendu. Lecture par mon père ou mon oncle, d’un passage de la Bible protestante, et prestations des enfants, avec une pression à la hauteur de l’importance que nous accordions à l’événement. Poèmes, morceaux de piano, chansons et autres pièces de théâtre, appris à l’école ou préparés en amont avec beaucoup d’implication et de solennité.
En dépit de toute la désuétude quelque peu bourgeoise que l’on pourrait y voir aujourd’hui, il me semble que ces interprétations enfantines constituaient malgré tout une forme de remerciement. Donner de soi avant de recevoir ce que nous attendions tant depuis le 1er janvier précédent. Ce n’est plus le cas maintenant, où je me surprends à vouloir tant gâter mes enfants que je cours les magasins jusqu’au dernier moment en continuant de penser le jour même que je suis peut-être passée à côté de l’essentiel, du cadeau qui leur aurait fait le plus plaisir, du présent le plus important. Aucune frustration n’est acceptable ce jour-là, je ne sais pas bien pourquoi. Enfin, j’ai bien une petite idée, mais l’heure ici, n’est pas à la psychologie 😉
Je vous souhaite à tous un très Joyeux Noël ! Et vous retrouve à la rentrée pour une nouvelle année extra-ordinaire 🙂