Les pages qui se tournent

Et ne se retournent pas…

La semaine dernière, plein de choses se sont terminées. Comme toutes les choses. Et toutes les fins impliquent de « lâcher le riz », comme dirait Serge Marquis. D’ailleurs, un monsieur me l’a même confirmé alors que je déjeunais avec une amie lundi dernier. Il m’a dit, à peu de choses près, de me foutre la paix pour enfin la trouver. Que ça me ferait des vacances et que mon entourage, par ricochet, en bénéficierait grandement. Et même que ce serait le plus beau cadeau que je pourrais faire à mes enfants. Tout était dit. Lâcher le riz je vous dis. Let go. Suivre le flo(w)t. Se laisser porter par la vague de l’existence sans résistance. Facile et difficile. Simple et compliqué. Mais nécessaire, parfois, souvent, si l’on veut pouvoir regarder devant soi et avancer, en plaçant notre énergie à l’endroit où on a envie de la placer.

La semaine dernière, j’ai donc décidé de me délester définitivement du fruit de ma première initiative entrepreneuriale, pour pouvoir ouvrir un peu plus la porte de mon jardin et y arroser les nouvelles plantes en attente de floraison depuis…un petit moment déjà. J’ai suivi ma subite envie de livrer ma dernière commande en mains propres et rencontrer la personne qui aurait pu être ma cliente idéale, celle que je n’ai pas su identifier alors, et j’ai découvert une femme et une mère à la personnalité atypique, généreuse, déterminée, forte, authentique, anti-conformiste et avant-gardiste qui n’a jamais su se fier à rien d’autre qu’à sa boussole intérieure et à son coeur, et je me suis dit que c’était joli de boucler la boucle ainsi. J’ai aussi choisi d’être un catalyseur artistique plutôt qu’un détenteur égotique, en adhérant à la croyance que l’œuvre ne reste pas la propriété de celui qui en a fait usage, mais de celui qui l’a imaginée et dessinée, qu’elle est immatérielle et doit pouvoir vivre au-delà de la structure qui lui a permis de voir le jour. Et enfin, j’ai pris le parti d’écouter mon ressenti et d’affronter ma peur existentielle du rejet envers moi-même et les autres, pour interrompre un lien, remettre de la distance et prendre un peu de hauteur.

Mais finalement, les raisons pour lesquelles nous faisons les choses importent peu dans l’instant. Tout à coup on le sent, c’est le moment. Et, l’hypothèse que nous ayons tort ou non, que nous nous trompions ou pas, que nous regrettions de ne pas l’avoir fait plus tôt ou de l’avoir fait trop tôt, n’existe pas. Il n’y a que des bons choix. Ceux qui nous correspondent à un moment donné de notre vie. Il paraît que tout est juste. Alors si tout est juste, rien n’est faux. Nos actes et nos décisions ne sont que l’expression de nos besoins en un temps donné, conscients ou non. Ce n’est pas nous qui décidons, et cela ne définit ni ne change en rien notre valeur intrinsèque.

Et je crois que là se pose la question de ce que l’on en fait, une fois que c’est fait. La seule vraie question finalement. Nous choisissons quelque chose pour renoncer à autre chose, libérer un passage pour orienter plus précisément notre rayonnement, permettre à notre énergie de mieux circuler et servir ce qui est essentiel pour nous ici et maintenant. Tout en sachant que cet essentiel peut fluctuer avec le temps, si l’on prend bien soin d’écouter la voix du dedans, notre musique, notre vibration intérieure au fur et à mesure des pas que nous mettons l’un devant l’autre.

Et un nouveau choix s’impose, celui du regard que nous posons et de la perception que nous avons de ces fameuses décisions, et de ce que nous choisissons ou non d’en penser. Je peux laisser mon esprit s’engouffrer dans le doute et la culpabilité, fruit de notre système de croyances bloquant qui n’a pour seul résultat que de nous faire rester exactement là où nous sommes, pétrifiés, enchaînés, paralysés, pour mieux ne pas avoir à nous essayer à la nouvelle place, au nouvel espace à explorer. Ou je peux décider d’agir directement sur mon subconscient, cet acharné de l’auto-sabordage, en accueillant ce qui est là, et en voyant cette décision comme une opportunité que j’ai créé pour moi-même. Du temps psychique, de la souplesse que je m’accorde avec douceur, afin d’élargir le champ de mes possibles et ouvrir une autre fenêtre sur ma vie pour regarder dehors, et voir le paysage qui se présente alors devant moi comme un agrandissement de mon terrain de jeu et d’expérimentation.

Et s’il arrivait malgré tout à mes doutes, mes peurs, ma culpabilité, mon manque de confiance en moi, de revenir me visiter de temps en temps, ce qui sera probablement le cas, une amie m’a dit cela : les intrusions sabotantes sont comme une feuille de papier qui revient tous les matins se poser sur ton bureau, et que tu dois sans cesse, avec une persévérance non négociable, jeter dans la corbeille.

Bien. Vous l’aurez compris, tout cela est en cours d’assimilation, pas de leçons. Et cette assimilation passe notamment par la formulation, la mise en mots avec autant de précision et d’authenticité que possible, et le partage, surtout.

Bien à vous 💙

One thought on “Les pages qui se tournent

  1. Merci pour ces jolis mots, encore et toujours maniés avec talent…
    Ah oui … et ça me fait penser qu’il faut vite que j’aille acheter une corbeille à papiers, au risque de n’être pas écolo du tout, j’ai plusieurs ramettes de papiers usagés qui se sont empilées sur mon bureau, tel un mur entre les Usa et le Mexique, ou entre moi-même et l’épanouissement..
    Je les conservais pour les utiliser à des fins de brouillons, mais finalement, je ne fais même pas les brouillons des choses, elles sont donc inutiles, et une fois dans la corbeille, cela fera place nette, et peut être aurais-je enfin une chance de m’apercevoir enfin !? Ça se tente… Il me faut une grosse corbeille…
    Je t’embrasse chère Diane.
    lcdj.

Laisser un commentaire