Pivot

PIVOT. « Au fig. Ce sur quoi repose et tourne un ensemble de choses; ce qui est au coeur (d’une action, d’un système, d’une série de phénomènes). Quand on observe combien sont imperceptibles les causes premières qui influent sur notre sort, et les pivots sur lesquels tournent les destinées des hommes, il semble évident que nous sommes sur la terre les jouets de ce que les uns appellent hasard, d’autres fatalité (Crèvecoeur,Voyage, t.3, 1801, p.3) »

Long time no speak. C’est ce qui arrive parfois lorsqu’on est sur plusieurs fronts à la fois, et que l’organisation n’est pas un atout inné, inhérent à votre personnalité.

Pendant les vacances de la Toussaint, j’ai participé à un atelier très spécial, dans un endroit très spécial, avec des personnes très spéciales. Un séminaire « lean startup » (jargon business qui signifie, en gros : méthode accélérée de développement d’idée et de créativité en petit comité), dans une île paradisiaque, particulièrement paradisiaque puisque c’est l’île de mon enfance, et que nous étions hors saison, hors du quotidien, hors du temps, en parfaite harmonie avec notre propre mouvement. Avec cette sensation d’être sur le bord du monde alors même que l’on est encore plus dedans. Ce petit groupe de travail féminin, s’est formé il y a un peu plus d’un an, à l’initiative de l’une d’entre nous, et a répondu aux besoins de chacune à cet instant-là. On ne rencontre pas les gens par hasard, ni à n’importe quel moment de sa vie, et nous pouvons dire que nous nous sommes trouvées, au sens propre comme au figuré. Enfin, c’est mon sentiment, mais je suis prête à parier qu’elles le partagent tout autant. Je dirais que, ce qui nous lie au-delà d’une compréhension et d’une acceptation mutuelle sans concession, d’un élan naturel du coeur qui a la couleur de l’évidence, celle qui ne souffre aucune analyse, comme on rentre chez Soi après une longue période d’errance, c’est que nous avons une quête commune, celle de la Créativité, la nôtre et celle des autres, de la contribution au monde, et de la Liberté. En d’autres termes, nous cherchons toutes à trouver le moyen de mettre notre talent singulier au service de l’Univers, d’accomplir notre mission d’âme en quelque sorte.

Et, en écrivant cela, je me souviens d’une histoire que j’ai lue il y a quelques temps et qui m’a marquée pour longtemps. C’est une histoire vraie. Celle d’une femme américaine, Marlo Morgan, qui se retrouve à vivre une expérience initiatique et spirituelle hors du commun en milieu aborigène, à l’insu de son plein gré. Je ne vous raconterai pas toute l’histoire, mais un passage m’a marquée. Marlo Morgan se retrouve un soir, après plusieurs semaines d’immersion, à échanger avec le chef de la tribu aborigène sur les us et coutumes de leurs mondes respectifs. Dans l’histoire, le monde occidental est qualifié de « monde mutant », au sens premier de « celui qui s’est transformé » et au sens figuré de « celui qui a oublié ». En écoutant Marlo parler de la notion de travail au sein de son peuple, le chef aborigène, en proie à une émotion intense, cherche à comprendre ce qu’il perçoit au-delà des mots. Il demande : « serait-il possible que, dans ton monde, des hommes et des femmes passent toute leur vie à errer telles des âmes perdues, sans jamais trouver leur place, sans savoir qui ils sont, ni pourquoi ils sont là ? ». Elle pause quelques secondes, répond que oui, et il pleure. Il pleure parce que dans son peuple à lui, chacun a sa place dès son tout premier souffle, celle qui correspond naturellement à ce qu’il est, à son talent, à son don particulier, celui qui lui est donné à la naissance. Il y a celui ou celle qui a une bonne mémoire et qui devient gardien de l’histoire des Hommes et du temps. Celui ou celle qui sait trouver l’eau. Celui ou celle qui comprend les os et guérit les corps. Celui ou celle qui sait écouter. Celui ou celle qui connait les plantes et entend la terre. Celui ou celle qui sent les animaux et trouve la nourriture. Et ainsi de suite. Alors bien sûr, les aborigènes du bush sont un peuple dit « primitif », qui n’a eu que très peu de contact avec le monde occidental consumériste et « progressiste ». Leurs besoins sont simples. Manger, boire, guérir, prendre soin les uns des autres, être utile à sa communauté, se souvenir, transmettre, respecter la Nature, guider et être guidés… Ils n’obéissent pas aux mêmes règles que nous, gagner de l’argent n’est effectivement pas un sujet. Mais simple ne veut pas dire simpliste et, en y regardant de plus près, en épurant le décor, en retirant la garniture, en s’affranchissant des histoires qu’on se raconte, n’avons-nous pas les mêmes besoins ? Et n’avons-nous pas, à l’intérieur de nous, quelque chose qui nous est propre, qui est là depuis toujours, qui ne nous a jamais quitté et fait notre singularité ? Quelque chose qui doit être valorisé à l’endroit où nous sommes, à défaut d’être au Bush, et mis à disposition des besoins existants, des besoins réels et essentiels, les nôtres comme ceux des autres ?

Bien sûr, chercher cela, l’identifier et le transformer, prend du temps, beaucoup parfois, plus qu’on le voudrait quelques fois, plusieurs vies dans certains cas En fonction de qui nous sommes, de notre histoire et de ce que nous avons à comprendre, de ce que nous nous donnons à vivre pour y parvenir. Pour certains ce sera inné, pour d’autres ça prendra des années… Mais, et cela m’angoisse régulièrement encore, il m’apparait aujourd’hui que ce temps, celui de chacun, est incompressible. On a beau vouloir l’accélérer, le contraindre, lui en vouloir de passer comme il passe, de s’évaporer, de refuser de plier, le temps qu’il nous faut pour faire les choses, pour avancer ou ne pas avancer, est le juste temps pour nous, aucun autre ne saurait nous convenir ni nous permettre de parcourir notre chemin de vie et nous rencontrer. En revanche, nous pouvons décider de la couleur que nous lui donnons, le rouge de la colère, le bleu de l’acceptation, le noir de la procrastination, le vert de l’enthousiasme et de l’émerveillementEn ce qui me concerne, ma palette chromatique est très étendue (et fluctuante !), mais j’essaie, avec les moyens dont je dispose, de faire durer certaines couleurs un plus longtemps, progressivement.

C’est lorsque le vert dure suffisamment pour permettre au violet de la confiance et de l’estime de soi de s’installer, que le jaune de la créativité peut enfin s’exprimer, et tout redevient possible. Les idées reviennent, avec l’envie de faire de nouvelles expériences, de ces expériences qui vont ajouter une pierre précieuse à notre édifice. Et je me dis que le défi majeur consiste à faire durer le vert le plus possible, en identifiant les ressources qui vont nous aider à y parvenir, à maintenir un niveau d’énergie émotionnelle positif. Pour moi, il ne fait aucun doute, que l’une de ces ressources est faite de chair et d’os, de coeur et d’âme. Des coeurs et des âmes en connivence de fréquence, comme les accords lyriques d’une partition en parfait équilibre, qui se reconnaissent entre eux par quelque chose d’imperceptible au regard même affuté de notre mental en effervescence, quelque chose de mystique, une connexion énergétique, cosmique.

Et ce sont ces personnes de coeurs et d’âme, bienveillantes et non jugeantes, authentiquement soutenantes qui m’ont permis d’effectuer mon premier PIVOT, et de transformer ce que je mets en place depuis 2 ans maintenant, avec la cuisine, l’écriture et la photographie, en une première action concrète vers la professionnalisation de ma créativité. Je ne vous dis pas encore ce que c’est car je ne sais pas ce que ça deviendra, mais je partage ici avec vous la recette que j’ai mise au coeur de cette petite expérience autour des sens 🙂

Mes sources et ressources du moment :

  • Ce qui nous lie, de Cédric Klapisch. Je vous en ai déjà parlé et il me revient ici. Une histoire de fratrie « à la française », simple, authentique et sensible.
  • Je suis comme je suis, de Isabelle Nazare-Aga. C’est mon livre du moment, conseillé par une amie, de coeur elle aussi. Un livre qui parle de nos valeurs personnelles intrinsèques, et de la façon dont elles déterminent nos choix de vie. En poème animé de Prévert, en chanson par Greco
  • Oui, change ma vie, le joli Podcast de Clotilde Dussoulier, que j’ai plaisir à écouter. Sa voix est douce et elle parle de son expérience, de ses ressentis et de ce qui lui fait du bien dans la vie avec juste ce qu’il faut de simplicité.
  • Schop.fr « Des objets qui réveillent la maison », le site de mon amie Catherine Schnoebelen, une incroyable artiste, d’une authenticité rare et à la vision du Design hors du commun. Parce que je la vois ce soir, et qu’elle propose de jolis objets insolites, « made in France » et éco-responsables, parfaits pour des cadeaux de Noël engagés et anti-consuméristes !
  • La page Facebook de Momento-be, de Maritza Abreo, Change-Maker entre toutes les femmes, et les hommes aussi 😉
  • Et juste pour le fun, les couleurs, la joie et la bonne-humeur !

4 thoughts on “Pivot

  1. Merci Diane, c’est un bel article et je suis très contente de savoir comment cela avance pour toi, et que tu es entourée de personnes qui t’inspirent ! Merci pour tes liens c’est tres interessant. grosses bises

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