De l’intention dépend le geste

Nous voici « rentrés », depuis quelques semaines déjà. Rentrés ? Mais où ça ? Ca veut dire quoi ? Rentrés de vacances, de l’insouciance, rentrés à la maison, coucouche panier papatte en rond, rentrés à l’école, pas de bol ! Rentrés au bureau….beaucoup trop tôt. Rentrés à cette réalité tant redoutée, pour ceux que les vacances ont pris le soin d’anesthésier. Parce qu’en France, les vacances, qu’on se le dise, c’est un peu comme le Spritz : tout le monde en prend, c’est beau, relativement bon et ça détend, sa couleur de sirop tropical fluorescent nous donne l’illusion d’être ailleurs « vraiment » mais pas différent pour autant, rentrer dans le rang rassure énormément, avec la sensation d’être en suspens, qu’on est si bien, que rien n’est grave, qu’on verra demain, ou peut-être même après-demain tiens. Mais il n’en est rien ! La rentrée débarque, toujours trop vite, et tac ! Le rouleau compresseur attaque.

Personnellement, à part dans mon appartement, je ne « rentre » nulle part. Je n’ai pas de « boîte » dans laquelle me (ré)engouffrer, me réfugier, m’éclater ou me faire presser. La liberté, sur le papier. Libre et tétanisée. Pieds et poings liés. Bloquée. Avec un léger sentiment de déjà vu, déjà vécu. J’ai du temps et personne pour me dire ce qu’il faut que je fasse, aucun compte à rendre, aucune contrainte. Impossible de revendiquer le syndrome du « j’ai pas le choix ». Mais l’être humain à cela de particulier qu’il ne sait plus quoi faire de sa liberté lorsqu’il est trop longtemps resté en captivité, l’âme et le coeur enchaînés. De ces chaînes virtuelles que l’on prend soin de bâtir pour sa survie psychique et la dissimulation de sa part sauvage*, des chaînes qui s’épaississent et se renforcent, année après année, par l’oeuvre d’un Soi en mal d’estime à l’ego dysfonctionnel et des atteintes sans concession d’un censeur intérieur entraîné tel un coureur de fond pour les Jeux Olympiques. Alors comment se définir de l’intérieur lorsqu’on s’est toujours laissé modeler par l’extérieur et que l’on est devenu expert en l’art de la caméléonisation…?

crédits photo @Catherine Schnoebelen

INTENTION est le mot qui m’est venu.

Depuis que je cuisine, et particulièrement ces derniers temps, j’ai pu observer quelque chose d’a priori évident : de l’intention dépend le geste, oui. Autrement dit, chaque chose que nous faisons, que nous produisons, est teinté de la couleur de l’intention qui nous habite…à ce moment-là. Le fait de réussir un plat, le goût de ce que nous préparons ou mangeons, la saveur des aliments, et même la façon dont ils interagissent chimiquement les uns avec les autres lorsque nous les mélangeons, sont le résultat d’une savante combinaison entre intention, intuition, composition et la disposition de nos émotions.

Dernièrement, il m’est arrivé à plusieurs reprises de constater à quel point notre état intérieur, et le regard que nous lui portons, l’attention que nous lui accordons, le prisme que nous choisissons, sont déterminants lorsque notre créativité est en jeu dans toutes les choses que nous entreprenons, les relations que nous vivons. A chaque fois que je rate un gâteau, une recette, que je ne suis pas satisfaite, les raisons qui m’y ont conduite sont liées à des facteurs intentionnels ou émotionnels. Si mes intentions ne sont pas claires, ou disons brouillées, forcées, mal orientées, qu’elles ne sont pas l’expression de mon coeur, que mes émotions sont parasitées, troublées, alors le résultat en sera le reflet.

De l’intention dépend le geste et beaucoup d’autres choses…

Sources et ressources :

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